Un protocole n'est pas
forcément une chose figée si on prend la peine d'en saisir l'esprit
et de l'adapter en respectant son esprit. Avant d'être un produit
figé de l'esprit c'était un mouvement spontané ou réfléchit d'un
esprit.
Sa prétention et son rôle est
d'aider un autre esprit à suivre le même mouvement et à produire
le même résultat. Et toute la difficulté est que l'esprit de
chacun puisse le faire et obtenir le même résultat alors que le
contenu de l'esprit de chacun n'est pas le même.
Cela est rendu possible par l'usage de mot-concept général qui délimite sans présupposé du contenu propre à chacun. Si je dis "pensez à votre animal de compagnie" chacun ciblera en fonction de l'animal qu'il a : chien, chat, hamster, etc ou rien si vous n'en avez pas. L'instruction est d'ordre général mais avec un effet spécifique sur l'esprit de chacun.
Le protocole de base
Il décrit un
"processus", c'est à dire quoi faire et dans quel ordre (
forme). Mais aussi comment faire ( fond ).
1) identifier = poser des
questions.
2) verbaliser = faire des
phrases
3) évaluer = mettre un
chiffre de 1 à 10 sur l'intensité de son émotion.
4) désensibiliser =
tapoter des points en répétant les phrases.
5) réévaluer = remettre
un chiffre de 1 à 10 sur l'intensité de son émotion.
Mais il ne décrit rien
concernant l'information et sa nature qu'il doit être mise en
évidence. Et ce du fait que le contenu est propre à chacun mais
aussi du fait qu'il est incomplet et n'envisage pas les catégories
d'informations comme nous le verrons plus loin. C'est la raison pour
laquelle suivent les gens qui débutent demandent des protocoles de
phrases déjà faites pour leur problématique.
Le protocole
prêt-à-tapoter
Il est surtout un exemple
d'application de la technique à une thématique ou à une
problématique. En cela il enseigne quelque chose de plus que la
technique seule : - son maniement.
Ses phrases nous parlent
(1) des aspects contextuels que l'on retrouve de manière générale
dans telle ou telle type problématique mais aussi (2) d'attitudes et
d'actions mentales qui nous permettrait de mieux la gérer ou de
favoriser le changement.
Le 1 nous parle de ce qui
observé et le 2 de ce que nous en faisons. Par exemple
1) "Toutes ces
informations contradictoires me perturbe".
Cette phrase décrit une
observation par laquelle on est concerné ou non. Si on est pas
concerné elle sera d'aucune utilité. Mais si nous le sommes elle
sera utile. Elle ne présuppose pas de la nature des informations
contradictoires, ni de la manière dont cela nous perturbe. Mais lorsque notre esprit se reconnaît dedans, il se reconnaît en fonction
d'informations et de perturbations spécifiques. Il y a donc un ciblage
qui se fait de manière indirecte par assimilation.
2) "J'accepte la
contradiction et fait confiance à mon intuition pour faire les bons
choix."
Cette phrase décrit
plutôt un geste ou une action mentale, c'est-à-dire ce que décidons
de faire et faisons avec une partie de notre esprit en rapport à ce
que nous observons. Le tapping vient stimuler et soutenir cette
action en éliminant la résistance et en motivant sa
réalisation.
Ses deux points présents
dans les "protocoles prêt-à-tapoter" explique comment et
pourquoi il peuvent très bien fonctionner dans beaucoup de
cas. Et aussi pourquoi cela peut ne pas marcher. Il faut être
concerné par l'aspect présenté, il faut que notre esprit
l'assimile à quelque chose de spécifique. Et le dernier point : le
protocole peut ne pas contenir un aspect présent dans notre
problématique. Ceci sera évoqué plus loin.
Ses deux mettent en
évidence qu'il coexiste deux genre de tapping : le contextuel lié à
l'information et le procédural lié à sa gestion. (Ce dernier a été
nommé "tapping intention" par certains auteurs mais était
déjà présents bien avant dans d'autres techniques comme TAT ou
BSFF.)
Naturellement si une
session live de tapping en groupe réunit les mêmes conditions, des
effets positifs peuvent se produire chez beaucoup de participants.
Mais il y a en plus ce phénomène qui est appelé "l'emprunt
des bénéfices". Il désigne le fait de bénéficier de l'effet
de la technique sur une problématique personnelle chose
préalablement alors qu'on tapote en groupe pour la problématique
d'une personne en même temps qu'elle. Pour moi cela s'explique par
le fait que notre esprit fait en même temps pour notre problème comme nous
faisons pour le problème de la personne. Il reproduit et applique le
processus observé.
L'individuel et le
collectif
Un autre aspect explique
que ces protocoles puissent marcher et ne pas marcher c'est le fait
d'être tous humain et des individus en même temps.
Au niveau de ses
aboutissants le vécu d'un type de problème est assez commun entre
différents individus. C'est surtout au niveau des tenants qu'il est
singulier, liée à l'histoire, aux ressentis et pensées intimes de
chaque personne.
L'insomnie de Jean et
Judith révèle des points et schémas communs mais aussi des
différences. Mais la source de leur insomnie prend racine dans
des vécus différents, avec des événements, pensées et émotions
de différentes natures.
Mais les tenants sont
intimement liés aux aboutissants et peuvent se révéler sous l'effet
de la stimulation de ces derniers pour ensuite devenir la cible de
nouvelles rondes plus spécifique. En cela un protocole
prêt-à-tapoter présente un intérêt et une utilité
non-négligeable.
Personnalisation des mots
Les phrases utilisant des
mots abstraits, vagues ou génériques, par leur capacité à
orienter notre attention sur une catégorie de chose au lieu d'une
chose précise, permettent d'encadrer la remémoration d'informations
spécifiques et propre à chacun. Ainsi une même phrase a un écho
différent d'une personne à l'autre mais saisit et récupère en
chaque personne l'information qui lui correspond. Par ce lien entre
signifiant ( mot conceptuel) et signifié ( vécu perceptuel), un
même protocole peut avoir des effets sur des aspects spécifiques.
Un premier constat
Nous voyons au travers
tous ces points que rester au niveau général ne donnera soit rien,
soit quelque chose d'aléatoire. Par exemple le mot "animal"
peut impliquer en même temps plusieurs expériences avec différentes
espèces d'animaux ( chat, chien, etc.) et ne ciblera pas forcément
l'expérience précise en cause dans le problème de départ. Nous voyons que le
général doit finalement être réduit à quelque chose de
spécifique qui soit directement impliqué dans notre problème pour
obtenir un résultat probant. C'est pourquoi certains rejettent les
protocoles prêt-à-tapoter. Et ceci est aussi dû à la nature des
mots employés qui peuvent faire mouche ou non. Mais sans cadre
général, c'est beaucoup plus difficile de trouver les expériences spécifiques si on n'utilise pas de méthode d'introspection fiable.
La comparaison entre le
contenu d'un "protocole prêt-à-tapoter" et notre
expérience personnelle du problème ou du thème correspondant
implique forcément qu'il y a des aspects qui seront en trop,
d'autres qui manqueront et certains qui ne seront pas tout-à-fait
comme dans notre expérience. L'usage de ce type de protocole
implique de l'adapter et de devoir écarter (excès), chercher
(manque) et ajuster (inexacte) certains aspects. Il est plus facile
de travailler à partir d'une base incomplète et approximative que
sur aucune base du tout. Il sert ainsi de référence permettant
d'objectiver et expliciter notre propre expérience.
En regardant juste
au-delà du contenu des phrases d'un protocole on peut s'apercevoir
qu'elles décrivent des catégories d'aspects.
- ce qui est observé
- ce qui est ressenti
- ce qui est pensé
- ce qui est voulu (ou
pas)
- ce qui a été décidé
- ce qui est fait ( ou
pas)
- ce qui est remémoré
- ce qui est anticipé
- ce que cela a causé
- ce qui a causé cela
- ce que cela a changé
- comment cela s'est
produit
- comme cela fonctionne
etc..
Toutes ces catégories
sont des clés de remémoration qui permettent d'identifier les
informations intimes et personnelles lié à n'importe quelle
problématique. Pour trouver ces clés il faut prêter attention à
"ce qui est en question" dans un aspect présenté par un
protocole.
En regardant encore
au-delà, on peut apercevoir dans un protocole la présence de plusieurs "blocs d'aspects" qui forment une trame générale, c'est-à-dire plus exactement la structure d'une démarche en plusieurs étapes majeurs où chacun aborde la chose d'une certaine perspective.
Par exemple :
1) Fait (ce qui est )
2) Gestion (ce que j'en
fais)
3) Souhait (ce que
j'aimerais à la place)
4) Possibilité (ce qui
pourrait être)
5) Choix (ce que je
décide)
6) Ressource (ce que je mobilise pour)
D'autres trames et
perspectives sont possibles naturellement. C'est pourquoi chercher à
comprendre la structure de tout protocole est utile et enrichissant.
Youri Badel, 2020
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