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EFT - L'art de concevoir une phrase de rappel efficace

La phrase de rappel sert à cibler un aspect précis de notre expérience et à la maintenir dans notre champ d'attention pendant le tapping. Généralement les phrases concises sont plus efficaces car dispersent moins l’attention, alors que les phrases longues et complexes la dilue. Il est généralement admis que les phrases trop courtes sont trop vagues et générales, et manquent de la spécificité requise. C’est en partie vrai, alors comment trouver un bon compromis ?



En réalité dans l’EFT les mots servent à faire référence à une expérience qui elle doit-être spécifique. Il n’est pas nécessaire de spécifier verbalement tous les détails de cette expérience, sans quoi on entre dans d’interminables descriptions.


Il y a trois solutions:


- soit considérer uniquement le détail pertinent et ignorer le reste dans la conception de sa phrase.

- soit découper une grande phrase en plusieurs petites sous-phrases qui seront tapotée chacune à un point différent à tour de rôle.

- soit considérer un mot ou une phrase comme une valise.


C'est cette troisième option qui est expliquée ici.


Ce qui fait la spécificité d'un mot ou d'une phrase-valise est de savoir précisément ce que nous mettons dedans comme expérience spécifique au moment où nous l’utilisons. Par contre, si nous utilisons un mot ou une phrase-valise sans savoir ce que nous mettons dedans au moment de son usage, notre esprit pourra remplir cette valise lui-même avec n’importe quelles expériences compatibles qu'il trouvera dans notre mémoire.


Il y a ici une véritable différence de paradigme entre l'utilisation d'une phrase longue décrivant tous les aspects d'une expérience et une phrase-valise décrivant que l'essentiel mais impliquant quand même le reste. (grâce à la mémoire de travail).


La tendance à décrire verbalement tous les aspects d’une expérience pour la cibler lors du tapping repose sur l’usage de la mémoire sensorielle (échoïque-auditive ou iconique-visuelle) qui retient l’information que très très peu de temps dans la conscience. Or, il est préférable d’utiliser la mémoire de travail, qui elle retient l’information en fonction de la tâche à accomplir.

Prenons un exemple. Si je travaille sur « cette peur de me faire engueuler » et que je prends cette phrase telle quelle car c’est tout ce qui apparaît à ma conscience, j’aurais une valise vide qui peut se remplir de plusieurs expériences différentes issues de ma mémoire lors desquelles je me suis fais engueuler : plusieurs fois par ma mère, par mon père, une autre fois par ma femme, par mon patron, un ami, etc.. Mon attention n’en sélectionnera aucune précisément et le tapping sera inefficace à cause de ce manque de spécificité. Dans le paradigme basé sur la mémoire sensorielle ( échoïque ou iconïque), je vais croire que pour sélectionner une expérience précise il faut verbaliser tous les aspects. Mais dans le paradigme de la mémoire de travail, je vais sélectionner une expérience précise, prendre conscience de ses différents aspects spécifiques et choisir de la décrire ponctuellement avec telle phrase : « cette peur quand papa m’a engueulé ». Vu que ma mémoire de travail retient l’information lié à la tâche en cours, mon esprit saura ce que cette phrase cible précisément à ce moment-là dans la mesure où je l’ai spécifié avant. Autrement dit, j’ai remplis cette phrase-valise temporairement avec cette expérience précise-là.


Procéder ainsi évite le problème de ne pas trouver la bonne phrase. Si on ne trouve pas la bonne phrase c’est pour deux raisons qui dépendent l’une de l’autre. La première c’est parce qu’il y a un manque de conscientisation d’une expérience précise d’où émerge le problème et la seconde c'est parce qu’il faut avoir un vocabulaire pour décrire de quoi elle est faite une fois conscientisée. Si on ne sait pas de quoi cette expérience est faite, forcément on ne peut pas la décrire spécifiquement, et encore moins la décrire si on a pas le vocabulaire pour le faire.


Le paradigme basé sur la mémoire de travail met plus l’accent sur la découverte d’une expérience spécifique et résout la difficulté à en décrire tous les aspects simplement en mettant tout ce qu’on sait intuitivement de cette expérience dans une phrase-valise à usage unique. On peut le faire naturellement, simplement en identifiant à l’aide de questions tous les aspects de l’expérience, puis en se servant d’une phrase décrivant juste son cadre général. On peut procéder par réduction écrite. C’est une bonne façon de compresser l’information et de comprendre ce que signifie exactement la notion de remplir un mot-valise ou une phrase-valise.


Reprenons notre exemple.


1. « Cette peur de me faire engueuler. » (Généralisation)


Ici la phrase est trop vague, c’est une généralisation du problème. Cette phrase sera non-spécifique car il y a pas eu de processus préalable d’identification d’une expérience précise. Cela peut impliquer plusieurs expériences dans mon histoire.


2. « Cette peur que j’ai ressenti par un nœud à l’estomac et des tremblements dans mes jambes quand mon papa m’a engueuler dans la cuisine, à cause de mes mauvaises notes car il attend de moi que je travail mieux à l’école. » (Précision)


Ici la phrase est très spécifique grâce à un processus d’identification mais beaucoup trop longue et complexe pour être utilisée efficacement en même temps que la stimulation des points. C’est néanmoins nécessaire de préciser l'un des contextes d'origines du problème pour le cibler. Et il est aussi possible que je sois conscient d’autres aspects que je n’ai pas su verbaliser par manque de vocabulaire.


3. « Cette peur quand papa m’a engueulé dans la cuisine ». (Réduction)

Ici la phrase est concise et précise uniquement le contexte général de l’expérience du problème : « qui, quoi et où », à la manière de coordonnées localisant un endroit". Mais le fait d'avoir été verbalisée juste après un processus d’identification très spécifique et pour cette expérience précise, cette phrase contiendra temporairement toutes les informations qui ont été conscientisées. Pas besoin de toutes les décrire lors de la stimulation des points. Il suffit juste de réduire la phrase de l’étape 2 en la délimitant à un minimum de coordonnées.

Conclusion


La phrase de rappel décrivant le problème aura une forme idéale qu’après avoir passé les trois étapes décrite ci-dessus que l’on peut résumer ainsi :

1.Généralisation
2.Précision
3.Réduction

Le fait de suivre ce simple processus évite bien des complications et des erreurs dans la manière de pratiquer. On identifie immédiatement, si notre phrase de rappel est trop vague (1) et multi-référentielle, trop complexe (2) ou idéale (3). Et cela nous oblige à passer par un processus d’identification spécifique pour la concevoir.



Youri Badel, 2021

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