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EFT - Dialogue pédagogique (1)

Le but de ce dialogue entre deux personnes imaginaires est d'apprendre, de comprendre et de maîtriser  l'essence de l'EFT au travers une interaction fictive entre un maître et son élève. Cela peut-être un format plus intéressant pour certains.


Partie I

E : - Je vis une situation difficile en ce moment à mon travail. Cela me met très en colère. Je ne sais vraiment pas comment gérér ça. Je me sens totalement  impuissant et démuni.
M : - Tu connais l'EFT ?
E : - Non, c'est quoi ? 
M : - Une manière efficace de se libérer de ce que nous éprouvons sans effet secondaire. Qu'est-ce que tu fais pour te sentir mieux ?
E : -  Et bien dès que je rentre chez moi, je me sers un ou deux martini histoire de me détendre. Puis le soir j'ai tendance à grignoter avant et après le repas.
M : - Voilà, ce que tu fais là est précisément une manière de gérér ce que tu ressens, mais une façon qui ne résout rien à ta situation. Ces comportements pourraient même te mener vers une forme d'alcoolisme et d'obésité.
E : - Oui, en effet vu sous cet angle, je devrais sérieusement m'en inquiéter et me reprendre en main.
M : - Ah ben si tu ajoutes encore une couche d'inquiétude et que tu la gères avec un comportement qui ne résout rien tu sera bien enlisé dans un tas de problèmes secondaires qui n'ont plus rien à voir avec ta pré-occupation d'origine.
E : - Intéressant, tu es en train de me dire que j'applique des solutions inefficaces qui deviendront très vite de nouveaux problèmes ?
M : -  Exactement.
E : - Et en plus pour couronner le tout j'ai le dos et la nuque toute bloquée. Je fais des séances de Kiné. Cela me soulage sur le moment mais cela revient aussi vite.
M : - Ben voilà, si ton médecin n'a rien décelé d'un point de vue biologique c'est que c'est probablement lié à cette difficulté à ton boulot. Cherche pas plus loin.
E : - Quelque part je m'en doutais, mais j'avais plutôt tendance à me voir comme une personne malchanceuse qui accumule les soucis en ce moment.
M : - Estime-toi heureux tu viens peut-être de passer à côté de l'alcoolisme grâce à moi.
E : - (rires).  Bon alors ça consiste en quoi ton EFT machin ?
M : - Et bien tu te concentre en disant à voix haute, ou mentalement si tu préfères, ce qui te fait éprouver de la colère et pourquoi en même temps que tu tapotes avec le bout de tes doigts des endroit sur ton corps.
E : - C'est un peu étrange ton truc ! Et ça marche mieux que le Martini ou une partie de jambe en l'air  pour se calmer ? 
M : - Euh, c'est moins problématique oui ! L'émotion sur laquelle tu travailles va d'abord s'intensifier avant de redescendre et de disparaître totalement. Et dans ton cas que se passerait-il si tu n'éprouvais plus cette colère ?
E : - Je ne ressentirais peut-être plus le besoin de me calmer avec la bouffe et la boisson le soir en rentrant. Mais par contre cela ne résoudrait en rien la situation à mon travail.
M : - D'une certaine façon ce n'est pas faux. Mais d'une autre cela te permettrait de ne pas accumuler encore plus de colère dans ton corps et d'aborder la situation différement. Et cela peut favoriser sa résolution concrète de plusieurs façons.
E : -  Mais dis-moi à quoi correspond ces endroits à tapoter sur mon corps.
M: - Il s'agit de points utilisés en médecine traditionnelle chinoise. Chaque point correspond à un canal appelé méridien et dans lequel circule l'énergie alimentant notre corps et notre esprit. 
E : - Ah c'est donc une forme d'acupuncture. 
M : - Oui, pour ce qui est de l'aspect énergétique de la méthode. L'autre aspect utilisé en même temps étant d'ordre mental.
E : - OK !, donc on utilise le corps et le mental en même temps.
M : - Tu veux essayer ?
E : - C'est d'accord, qui ne tente rien n'a rien.  Alors comment je m'y prends ?
M : - Tout d'abord tu dois savoir ce que tu ressens et ce qui exactement te fais te sentir ainsi à ton travail. Tu dois le conscientiser précisément et concrètement. 
E : - A bien y réfléchir c'est toujours la même chose. Je me donne à fond au boulot et mon patron ne reconnait jamais la qualité de mon travail. Cela me fou en rogne. Et je ne sais pas comment faire pour lui faire comprendre.
M : - Ok, remets-toi en situation mentalement quand cela arrive.  Quand c'est le moment où tu t'attends à de la reconnaissance et qu'elle ne vient pas, qu'est-ce que tu vois, entends ou touche ? As-tu une image, un son, ou une sensation tactile de ça ?
E : - J'ai plutôt une image qui me vient. Une image de son silence après avoir rendu mon travail. 
M : - Qu'est-ce que tu te dis à ce moment ? Qu'est-ce que tu ressens et où tu le ressens dans ton corps ? 
E : - Je me dis "Il se fou de ma gueule". Je ressens beaucoup de colère, le long de ma colonne vertébrale et jusque dans ma nuque. Ah ben tiens exactement où je me sens bloqué. Tu avais raison pour le coup cela a bien un lien.
M : - OK, maintenant que nous avons terminé l'investigation de ce qui te met vraiment en colère on peut passer à la phase d'intervention. Pour cela il faut d'abord que tu résume en une phrase-clé tout ce qu'on vient de découvrir. 
E : - Et bien disons : "Cette colère dans mon corps parce que mon patron se fout de moi lorsqu'il ne reconnait pas mon travail".    
M : - C'est pas mal, mais il te faut être enocre plus précis et concret. Par exemple, "cette colère dans mon dos car mon patron se fout de moi quand il a rien dit de bien sur le travail que j'ai fais."
E : - Ah ben là avec cette formation chirurgicale tu es en plein dans le mille en effet.  
M: - Tu vois cette simple phrase va t'aider à garder ton attention concentrée sur la perception, le ressenti et la pensée de ton vécu en même que tu tapote les points.
E : - Elle sert donc à maintenir cette expérience dans ma conscience ?  
M : - Oui, tout simplement en l'énonçant une fois à chaque point que tu tapote. Cela s'appelle une phrase de rappel.
E : - Pourquoi de rappel ? Cette expérience fait partie de mon présent tant que je serais en relation de travail avec mon patron.
M : - Et bien oui et non. Lorsque tu me parle maintenant de la colère que tu ressens à ton travail, tu es ici et maintenant dans un autre lieu et avec une autre personne que ton patron. Ce que tu évoque mentalement est pour l'instant qu'une mémoire.
E : - C'est juste. Ce que je vis maintenant avec toi est différent de ce que j'ai vécu là-bas juste hier. Mais dis-moi, cette évidence joue-t-elle vraiment un rôle ?
M : Oui car la confrontation directe d'une expérience différente avec celle de ton souvenir permet à ton esprit de remettre à jour ce dernier du point de vue de ta perspective actuelle.
E : - Tu veux dire que cette confrontation introduit un changement dans le souvenir ?
M: : - Voilà ! Et la prochaine que tu te retrouvera dans la même situation, c'est la nouvelle version de ton souvenir qui sera réactivée. Tu te sentira et pensera autrement ce qui t'arrive.
E : - Il est vrai que pour l'instant je ressens et pense exactement la même chose à chaque fois.
M : - Oui, et à chaque fois que ton expérience est semblable elle réactive cette mémoire et la renforcé de nouvelles expériences similaires. 
E : -  Ok, donc ce que l'on fait avec l'EFT c'est modifier la mémoire que nous avons d'une expérience ?
M : - C'est ça. En résumer c'est ce que nous faisons.
E : - Bon alors je fais quoi maintenant avec ma phrase ?
M : - Tout d'abord tu vérifie qu'elle réactive bien ta colère lorsque tu l'énonce. Si c'est le cas c'est que ta phrase cible correctement la mémoire. Ensuite évalue son intensité.
E :- Euh, oui, mais comment ?
M : - Et bien, sur une échelle de 1 à 10, évalue approximativement à combien tu estimes que son intensité se trouve.
E : - Je dirais 7 ou 8, tellement je bouillonne encore de colère à l'intérieur. Mais cela me semble déjà un peu moins intense que la première fois que je l'ai évoquée tout à l'heure.
M : - C'est normal ! Ce que nous avons fait jusqu'à présent, c'est-à-dire t'exposer et verbaliser ton expérience au travail a des effets en soi. Estime toi heureux, ça pourrait être différent.
E : - Comment ça ? Heureux d'être en colère ?
M : - Non, d'avoir accès à ton émotion et de pouvoir l'évaluer. Certaine personne sont tellement coupée de leur émotion que lorsqu'elle évalue son intensité pour un événement qui devrait normalement les bouleverser, elle ne ressente rien! Leur évaluation est à 1 ou 0 comme si elle en était déjà libérée. 
E : - Mais il n'en est rien n'est-ce pas ? Cela signifie qu'on ne peut pas vraiment se fier à cette évaluation !
M : - Exacte. L'émotion peut-être tellement refoulée et dissociée du souvenir de l'événement associé que cela se traduit sur l'échelle comme si l'émotion avait été résolue. Ce qui est tout le contraire.
E : - Alors à quoi cela sert de faire cette évaluation ?
M :  Cela sert à mesurer notre progression et savoir quand ajuster notre pratique. Il faut juste savoir que dans certain cas, une évaluation à zéro peut-être un faux-zéro. C'est aussi une question de bon sens à l'écoute de ce que la personne dit de son vécu. 
E : - Tu veux dire que si la personne parle de choses difficiles pour le commun des mortels avec un total détachement, sans être bouleversé, c'est suspect ? 
M : - Oui, surtout si elle n'a pas vraiment entrepris de travail là-dessus. Elle peut simplement être la proie d'un mécanisme de défense dont il faudra inverser le sens de son mouvement.
E : - OK, je vois. Donc si je comprends bien on évalue l'intensité avant et après l'intervention pour savoir où en est !
M : - C'est ça. Et selon le résultat tu sais ce qu'il faut faire. Tu sais si tu es arrivé au bout, s'il faut répéter la même chose ou faire quelque chose de différent, ajuster quelque chose dans ta manière de faire.
E : - Je comprends. C'est intéressant de pouvoir quantifier son travail dans un domaine aussi peu palpable que l'esprit.
M : - Oui, c'est un outil de feedback très utile. Il nous aide aussi à nous focaliser sur l'émotion que nous ciblons, car pour une mesurer quelque chose, nous devons le détecter quelque part en nous.  
E : - Bon on a tout les ingrédients pour commencer l'intervention.  
M : - Oui cette fois-ci toutes les conditions sont réunies. Alors l'intervention a une étape de préparation et une étape de traitement proprement dit.
E : - A quoi sert cette étape de préparation ?
M : - Et bien il arrive que puissions être en état d'inversion psychologique en rapport à la situation qui nous perturbe émotionnellement. 
E : - Qu'est-ce que cela signifie ?
M: - Que nous obtenons un résultat contraire à ce que nous désirons obtenir. Autrement dit, que quoique nous fassions cela ne marche pas,même l'EFT. Alors l'étape de préparation sert à corriger temporairement cet état d'inversion psychologique.
E : - De sorte à ce que cela fonctionne le temps du traitement proprement dit ?
M : - Voilà c'est ça. Cette étape ne prend qu'une vingtaine de secondes. C'est pourquoi elle est intégrée par défaut dans la recette de base de l'EFT.  On la fait systématiquement.
E : - Ah comme ça on ne perd pas de temps en traitement inutile. Comment fait-on ?
M :- Tu tapote le point Karaté comme ceci, avec les deux doigts de ta main dominante. Tu le tapote continuellement le temps de dire trois fois une phrase d'acceptation de ton problème.
E : - Quelle est cette phrase ? 
M : Si on reprend l'énoncé de ton problème tel que nous l'avons formulé avant, elle se construit selon le modèle suivant ; "Même si j'ai cette colère dans mon dos car mon patron s'est bien foutu de moi quand il n'a rien dit sur la qualité du travail que j'ai rendu, je m'aime et m'accepte complètement."
E : - Je constate en effet qu'avec cette formule, j'ai l'impression de retrouver une certaine unité avec moi-même.
M : - Bien vu. Lorsque nous vivons quelque chose de désagréable nous avons tendance à le rejeter avec une certaine aversion et cela a pour effet de nous séparer de cette partie de nous. Et dans cette condition de division et de lutte avec soi-même le changement est impossible. 
E : - Donc cette étape permet en quelque sorte de se réapproprier cette partie de nous que nous tendons à exclure. 
M : - Oui, mais pas seulement. Le fait d'affirmer l'amour de soi-même en même temps qu'une émotion désagréable telle que la colère dans ton cas, met en opposition du positif avec du négatif. Ce qui va engendré un état de neutralité, sans résistance.
E : - Ah voilà ! Et comme on le sait, la résistence empêche le changement. Je comprends mieux à quoi cette étape sert. Et après ?
M : - Après on passe à la ronde proprement dit. 
E :  La ronde, mais qu'est-ce que c'est que ça ?
M : - C'est le fait de tapoter 14 points les uns après les autres en disant ton problème une fois à chaque point.
E: - Donc, je tapote un point continuellement le temps de dire ma phrase-clé une fois avant de passer au suivant et de faire la même chose sur chaque point ? 
M :- Tu as tout compris ! Mais attention il ne s'agit pas de dire ta phrase mécaniquement. Elle est là pour raviver ton expérience à ton attention., pas pour s'endormir sur ses lauriers.
E : - Je vois. C'est plutôt chaque point que je dois apprendre à tapoter mécaniquement sans me soucier du nombre de fois que je le tapote et être pleinement présent à ce que ma phrase évoque.
M : - Ben voilà une réflexion qui promet déjà une certaine aisance à la pratique !
E : - Et lorsque j'arrive à la fin des 14 points, je suis arrivé à la fin de la ronde ?
M : - Oui, et c'est le moment où tu réévalue le changement sur ton échelle. Tu te concentre exactement sur  la même chose qu'au départ et tu observe et évalué l'intensité pour voir si elle a changé. Allez maintenant fait-le !
E : - Go, c'est parti. 

Youri Badel, voiron 2019

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