Introduction
Cette théorie inscrit notre psychisme dans une perspective évolutionniste et constructiviste. Pour que notre esprit évolue il ne peut être prédéterminé dans son fondement, sans quoi aucun changement, ni développement mental n'est envisageable. Il en est de même pour notre mémoire, qui tend à figer et à répéter à l'identique ce qui a été acquis au cours de notre histoire. La notion d'actualisation implique au contraire que tout état mental est une création de notre esprit qui peut tout aussi bien être décrée. Mais aussi que rien n'est définitivement figé dans notre mémoire, dont les données peuvent-être mises-à-jour et réorganisées. Par conséquent le déterminisme psychologique serait le résultat d'une consolidation de nos états mentaux en mémoire, développés dans et par l'esprit humain dans son rapport au monde, aux autres et à nous-même.
L'acvitivé de réprésentation mentale et énergétique de notre esprit est ce qui lui permet de générer en nous tout un tas d'états mentaux complexes, assamblant perception, signification et émotion très diverses et variées. Toutes les formes d'expressions dont cette acticvité est capable, dans ses différentes modalités (sensorielle, sémantique et énergétique), implique qu'aucun d'eux n'aurait de nature propre, ni d'existence prédéterminée et n'existerait essentiellement que par combinaison de possibilités. Autrement dit ce qui fait la spécificité de tout état mental est l'assemblage de perception, de signification et d'affect qui le compose.
Au lieu de supposer de l'existence d'une forme de déterminisme psychologique préétablit, il s'agit plutôt ici de concevoir l'esprit humain comme étant capable de créer n'importe quel état mental par son activité de réprésentation mentale et énergétique, et ensuite de le reproduire automatiquement par rémémoration. Dès lors l'actualisation psychologique décrit le processus de transformation d'un état psychologique par la mise-à-jour de sa mémoire (implicite).
Processus d'actualisation psycho-affectif
Nous devons distinguer trois aspects fondamentaux pour comprendre ce qu'est le processus d'actualisation ou de mise à jour de notre mémoire psycho-affective. On peut distinguer:
- la cause structurelle et fonctionnelle de l'émotion, c'est-à-dire ce qui la fait émerger.
- son origine biographique, c'est-à-dire le contexte de l'expérience qui lui a donné une forme.
- sa persistence dans le temps, c'est-à-dire le mécanisme qui la recréer indéfiniment.
Cause
Structurellement parlant toute émotion est faite d'énergie. Chaque émotion serait, plus exactement, une forme d'expression adoptée par une énergie psychique qui serait totalement neutre à l'origine, mais qui se mobiliserait quantitativement et qualitativement en fonction de la façon dont l'aspect cognitif de notre esprit analyse l'expérience que nous vivons. Autrement dit l'énergie psychique prend la forme de la colère, de la tristesse, de la peur ou de la joie, de l'amour, etc, en fonction du sens attribué à notre expérience en fonction de celui de nos besoins. Fonctionnellement elle nous permet d'évaluer à chaque instant l'état de satisfaction de nos différents besoins dans notre rapport au monde et de motiver nos actes dans le but de les satisfaire. Notre énergie psychique se polarise en émotion agréable lorsque notre besoins est satisfait et en émotion désagréable lors qu'il est insatisfait. Son intensité va dépendre de l'importance donnée à notre besoin mais de la gravité avec laquelle sa satisfaction est menacée par l'expérience.
Origine
Naturellement toute émotion s'inscrit dans le contexte d'une expérience vécue qui a été présente à un moment donné de notre existence. Elle naît de la rencontre entre le monde de nos aspirations et le monde de nos perceptions, de leur rapport de divergence ou de convergence. Rechercher l'origine d'une émotion c'est rechercher un moment perçu dans l'espace-temps de notre histoire, alors que rechercher sa cause c'est rechercher l'aspiration et la perception dont l'état de divergence provoque un ressenti désagréable et l'état de convergence provoque un ressenti agréable en soi. L'émotion peut être le produit d'un rapport ayant son origine dans le passé, le présent ou le futur. Les termes de ce rapport peuvent prendre racine dans temps différent. Par exemple, le regret naît du rapport entre ce que nous avons fait dans le passé et ce que nous pensons que nous aurions dû faire aujourd'hui.
Persistence
La façon dont un événement à été envisagé et a mobilisé notre énergie sous la forme d'une émotion particulière (peur, colère, tristesse) est encodée avec le souvenir sensoriel de l'expérience. Par exemple, bien que toute peur soit fonctionnellement liée à un aspect de notre sécurité et intgrité, quelque soit son objet, c'est en lien avec l'objet et le contexte dans lequel elle est née que nous allons rechercher notre sécurité lorsqu'elle sera réactivée. Et nous ne prendrons pas les mêmes mesures de protection selon que nous ayons peur de la maladie ou de la noyade. Notre action s'adapte naturellement à l'objet et au contexte de notre peur. Ainsi notre colère, notre tristesse, notre peur s'associe à la chose qui nous est arrivée, c'est-à-dire au type d'expérience précise que nous avons vécue. C'est ainsi que notre énergie psychique est recyclée sous la forme de la même émotion à chaque fois qu'une expérience similaire ou reconnue comme étant similaire se présente dans notre vie, par analogie avec le souvenir de l'expérience d'origine. Notre énergie psychique, alors déterminée par notre analyse de la situation, est emprisonnée dans un circuit fermé ou une boucle de rétroaction, recréant la même réaction émotionnelle face au même type de perception.
La boucle perceptivo-réactionnelle
La signification que notre esprit analytique déduit du rapport entre notre perception sensorielle et notre intention engage notre énergie psychique sous la forme d'un sentiment particulier dans une boucle de rétroaction, qui va permettre à la part mécanique de notre esprit de le reproduire automatiquement à chaque perception identique. Nous avons une "mémoire émotionnelle" qu'en vertu de cette boucle perceptive et réactionnelle reposant sur une causalité circulaire: - notre façon de voir suscite une réaction qui en retour alimente et maintient cette façon de voir les choses. Pour mieux comprendre comment et pourquoi le processus d'actualisation psychologique est un processus naturel et inhérent au fonctionnement de notre esprit, je vais récapituler les trois étapes majeures de la vie d'un état mental : - création, répétition et dissolution.
1.Création
Toute situation de perception donne lieu à un processus analytique dont le produit est une signification personnelle qui va mobiliser notre énergie sous la forme d'un sentiment particulier, qui va en retour verrouiller cette signification à cette perception en l'alimentant de son énergie.
Exemple :
Votre patron vous reproche d'avoir fait un mauvais travail. Vous estimez son reproche injuste et cela vous mets très en colère. Cette colère va alimentez la signification selon laquelle son reproche est injuste. L'injustice s'est associée au fait de recevoir un reproche. Vous essayez de vous expliquer mais il ne veut rien savoir.
2.Répétition
Dans la mesure où une signification est toujours verrouillée à une perception par l'énergie du sentiment qu'elle a produit, à chaque fois que la même situation de perception se présente à nous, notre énergie psychique va recréer le sentiment associé dans notre conscience.
Exemple :
Un jour un ami vous fait un reproche sur l'aide que vous lui avez apportée. Vous n'avez pas écouté sa demande et fait n'importe quoi. Soudainement votre énergie est remobilisée sous la forme de la colère, du fait d'avoir associé la signification d'injustice à la perception de reproche. Pourtant son reproche était juste. Il vous avait demandé de passer le prendre à telle heure et tel endroit, mais vous n'y étiez pas.
3.Dissolution
L'évocation de la situation de perception va récréer le sentiment dans notre conscience pendant qu'un acte de stimulation simultané va disperser son énergie. Cette dispersion a pour conséquence de cesser d'alimenter et verrouiller la signification qui a produit ce sentiment à cette situation. Elle va pouvoir être ré-analysée du point de vue actuelle et sa signification modifiée.
Exemple :
Le reproche de votre amis vous rappelle l'épisode de votre patron. Pendant que vous évoquez la situation, votre système énergétique recrée la colère dans votre conscience. Alors vous faites du Tapping (technique de stimulation) en même temps. Votre colère se dissipe et cesse d'alimenter la signification que c'était injuste, et de la maintenir associée à la perception du reproche. Soudainement vous comprenez que vous n'avez pas cherché à satisfaire les mêmes critères que lui pour ce travail. Votre ressenti change.
Mécanisme derrière la technique
C'est donc très vraisemblablement par une rupture de cette boucle perceptive et réactionnelle que les techniques de la psychologie énergétique libèrent nos représentations mentales des émotions associées. L'énergie emprisonnée dans cette boucle, alors maintenue sous la forme d'une émotion déterminée, se disperse temporairement sous l'effet de la technique de stimulation, permettant ainsi à notre esprit analytique de réévaluer l'utilité immédiate de mobiliser cette énergie sous cette forme. Comme l'expérience n'est plus actuelle, il la désactive définitivement et la réinterprètre. Naturellement notre esprit analytique en conserve l'information.
L'interaction énergétique
Il reste à comprendre pourquoi et comment une technique de stimulation est capable de disperser l'énergie d'une émotion. Il existe plusieurs façons de stimuler : - le tapotement, la pression et le massage de points d'acupucunture mais aussi le mouvement d'attention induit par une stimulation visuelle, auditive ou tactile bi-alternée. Toutes ses variantes produisent une forme d'énergie mécanique par leur mouvement ou la force qu'elle exerce. Cette énergie est alors canalisée vers ce à quoi nous portons attention. En d'autres termes l'acte de stimulation produit une énergie secondaire qui va se diriger grâce à l'attention vers l'énergie du sentiment , réactivé par l'évocation de la situation. Leur interaction va produire la dissipation de toute énergie par phénomène de dislocation. Cette absence temporaire d'énergie libère la situation de perception de la signification qui était verrouillée par le sentiment qu'elle a produit, permettant ainsi sa réanalyse.
L'intention manifeste le geste qui la réalise
Même lorsque l'acte de stimulation est réalisé de façon purement mental, c'est-à-dire sans avoir recours à un acte de stimulation physique, il se produit un phénomène de dispersion de l'énergie. Ce cas de figure ne réfute pas la thèse de l'interaction énergétique car même un geste mental produit une forme d'énergie. Le geste lui-même est d'ailleurs produit par une forme d'énergie qui peut interagir directement avec la cible sans passer par lui : - l'intention. Il faut néanmoins distinguer l'intention du geste lui-même et l'intention dans laquelle nous faisons ce geste. En psychologie énergétique, un acte de stimulation telle que le tapping est aussi utilisé dans le but de renforcer une émotion agréable à une situation de perception. Là encore c'est une cas de figure qui devrait mettre en défaut la thèse de l'interaction. Néanmoins il est possible d'expliquer cette différence d'effet ou de résultat pour un même geste de stimulation par l'intention dans lequel nous faisons ce geste, qui aurait pour effet de piloter ou d'orienter son effet. Face aux émotions désagréables nous sommes dans une intention de libération, l'énergie adopterait alors un comportement adapté à cette intention, générant une dislocation au lieu d'une agréation. Dans un tapping dit positif, l'apport d'énergie produit par la stimulation vient s'ajouter, s'agréer à celle de l'émotion agréable et la renforce conformément à notre intention.
Conclusion
Cette théorie de l'actualisation psycho-énergétique explique que tout état mental est une construction obéissant à une logique fonctionnelle. Une construction qui se forme à un moment donné, se reproduit un temps de façon contextuelle et peut être complètement déconstruit. La boucle de rétraction est le type de fonctionnement qui explique comment il se reproduit et la rupture de cette boucle comment il se dissout. Nous sommes très loin de la "théorie de la perturbation" selon laquelle nos émotions désagréables sont le produit d'une perturbation du système énergétique corporelle à laquelle la stimulation des points mettrait fin. Ici toutes nos émotions, les agréables comme les désagréables, sont produites par le système énergétique en fonction d'une analyse fonctionnelle de ce que nous vivons. L'emotion est un effet qui se répète en s'associant à sa propre cause et qui cesse en se dissociant d'elle.
Youri Badel, voiron 2019
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