La notion d'inversion psychologique peut trouver une réponse beaucoup plus satisfaisante dans le principe hédoniste selon lequel notre inconscient (instinctif) serait gouverné par la tendance à s'éloigner du négatif et à se rapprocher du positif. Il s’agirait plutôt d’un phénomène psycho-énergétique au sens de la direction dans laquelle la polarité de notre énergie psychique nous conditionne et non d’un phénomène purement énergétique. L'idée qu'il s'agirait d'une « inversion de la polarité de la charge électrique» est à mon sens une métaphore plus qu'un fait.
Le « positif et négatif » sont des valeurs que nous attribuons à toutes choses : - personne, événement, action, comportement, désir, pensée. Dès l'instant où nous évaluons une chose en fonction de nos besoins essentiels, nous développons un ressenti envers cette chose. Ce ressenti a une certaine intensité qui reflète l'importance de notre besoin et une polarité, agréable ou désagréable, qui reflète la manière dont la chose le satisfait.
L'association de ce ressenti aux choses détermine, par sa polarité et son intensité, la valeur que nous leur attribuons, en fonction de laquelle notre inconscient instinctif va gérer notre comportement en terme d'éloignement du négatif et de rapprochement du positif, même au niveau des mécanismes de défenses. Bien que nous soyons gouverné par ce principe c’est nous qui déterminons la valeur positive ou négative que nous attribuons à une chose au travers notre jugement idéo-affectif.
L'inversion psychologique serait alors une condition psychologique bien précise : - celle d'avoir une volonté qui s’éloigne de ce que nous avons jugé positif ou de se rapprocher de ce que nous avons jugé négatif. Dès l'instant où nous nous dirigeons consciemment dans le sens contraire de ce que nous avons a déjà été évalué, que cela soit en positif ou négatif, nous stimulons notre système de défense à nous remettre dans le droit chemin, celui du jugement idéo-affectif antérieure et prioritaire que nous avons concernant une chose.
Il n'y aurait, par conséquent, pas véritablement de lutte entre le conscient et l’inconscient, du moins pas dans le sens où cela est entendu habituellement. Les valeurs positives ou négatives les plus importantes seraient simplement traitées de façon prioritaire par le principe hédoniste de notre inconscient instinctif ou mécanique. La notion d’inversion psychologique a souvent été présentée comme une forme d’auto-sabotage. Or, il n’en est probablement rien. L’auto-sabotage serait un concept illusoire et nous allons voir en quoi au traver un exemple.
Si par exemple « fumer » est plus important et positif pour soi que de « ne pas fumer » qui serait alors négatif, notre inconscient va sélectionner automatiquement le comportement de fumer, et ce jusqu'à ce que la valeur idéo-affective associée à ce comportement soit réévaluée. En d'autres termes nous faisons ce qui a un sens positif et ne faisons ce qui a un sens négatif. Dans cette condition toute tentative d’arrêter de fumer, c’est-à-dire d’aller dans le sens contraire de la valeur positive attribuée à cette activité va activer notre système de défense et nous faire échouer. Mais ce qui est perçu comme un échec du point de vue du projet conscient d'arrêter de fumer est une réussite du point de vue de notre inconscient qui nous conduit toujours vers ce qui est positif et loin de ce qui est négatif.
Il y a donc ici pas vraiment un inconscient qui veut « fumer » et un conscient qui veut « ne pas fumer », ni « d'auto-sabotage » à proprement parlé. Il y a non-reconnaissance qu'il est plus important et positif pour soi de fumer que de ne pas fumer. La partie qui voudrait arrêter n'est pas prioritaire qu'en vertu du fait d’être jugée de moindre importance que l'autre partie par notre inconscient, en fonction de la charge affective associée.
Nous sommes donc uniquement en présence d’une ambivalence, d’un conflit entre deux parties de soi-même que l’on devrait qualifier d"état d’opposition psychologique". Une opposition où c'est la partie la plus intense, la plus dense psycho-affectivement qui s'exprime au détriment de l'autre. Mais fondamentalement les deux parties dépendent de l'unique conscience à qui appartient ce jugement et à sa capacité de le réviser.
En réalité nous nous mettons nous-même en situation d'inversion à chaque fois que nous voulons quelque chose qui s'oppose à la valeure déjà attribuée à une chose relative dans notre inconscient instinctif. Autrement dit, l'inversion psychologique c'est lorsque notre volonté pointe quelque chose impliquant de s'éloigner d'une chose positive ou de se rapprocher d'une chose négative dans notre inconscient. A ce moment notre inconscient nous courcircuite et nous donne l'impression qu'il sabote nos projets pendant que lui respecte scrupuleusement les valeurs qui sont en vigueur. Le travail permettant le changement consister donc à actualiser les valeurs idéo-affectives que nous avons associées aux choses en nous, et que notre inconscient instinctif utilise comme boussole pour gourverner la direction de notre comportement.
Est-ce que la correction classique de l'IP marche dans ce contexte ? Dans cette perspective il va de soi qu'elle est largement insuffisante. Nous ne pouvons changer la polarité de la valeur affective attribuée au fait de "fumer" et de "ne pas fumer" qu'en travaillant sur les émotions associées à chaque condition relative. A mon sens cette correction, consistant à affirmer : - "Même si j'ai ce problème, je m'aime et m'accepte" en début d'EFT n'a jamais remis aucune polarité à l'endroit, c'est-à-dire en situation de "non-inversion". Je crois qu'elle sert plutôt à lever temporairement le blocage que peut créer le fait d'entretenir de la négativité envers soi à cause de la chose considérée comme un problème. La logique protectionniste de l'inconscient instinctif implique pour lui de neutraliser tout ce qui peut-être perçu comme une menace. Dans la mesure où il perçoit la négativité que Nous nous nourrissons à l'égard d'une partie de nous-même, toute intervention contre cette partie sera neutralisée. Si le tapping ne fonctionne pas avant cette correction et fonctionne après c'est parce que le fait d'impliquer dans la même phrase l'opposition entre négativité et positivité envers soi va générer un état de neutralité. L'inconscient instinctif n'a plus à se nous défendre contre la négativité que nous nourrissons contre nous-même à cause du problème que nous avons. N'étant plus motivée par cette négativité l'intervention fonctionne, cette dernière n'étant plus perçue comme menaçante.
Conclusion
C'est donc en délogeant et révisant directement avec un maximum de neutralité, les jugements idéo-affectifs de notre inconscient instinctif qui s'opposent à notre nouvelle volonté, que nous allons pouvoir faire un changement avec l'aide de ce dernier. Sans quoi nous pouvons être la proie de notre propre système de défense et devenir notre pire ennemi.
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