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EFT - Technique de la Neutralisation (Tétralemme)

Cette technique est une extension de la recette de base. Au lieu de se concentrer uniquement sur une phrase de rappel évoquant un aspect désagréable d’une expérience, il sera question de le confronter à un aspect agréable d’une expérience de même genre, c’est-à-dire sous le même rapport mais de signification opposée.

Dans la communauté EFT, il y a beaucoup de débats sur l’utilisation du tapping sur le positif et sur le moment idéal de l’introduire. Pour Gary Craig, fondateur de l’EFT, le tapping sur le négatif se suffit à lui-même. Il n’est pas certain qu’il apporte une réelle plus-value et pourrait même être contre-productif en ajoutant une couche. Néanmoins le consensus, pour ceux qui ont décidés de l’utiliser, est qu’il soit introduit en fin de ronde, c’est-à-dire lorsque l’intensité de l’aspect désagréable est déjà bien descendue. Ici sera utilisé dès la deuxième rondes, quelques soit l’intensité de l’aspect négatif pour la simple et bonne raison qu’il va participe à l’effet de neutralisation.

Bruce Ecker, Robin Ticic & Laurel Hulley émettent dans leur ouvrage « Déverrouiller le cerveau émotionnel » l’hypothèse qu’un grand nombre de thérapies efficaces reposeraient sur un processus de reconsolidation de la mémoire impliquant le principe de juxtaposition. Ce principe consiste à réactiver de façon répétée l’expérience désagréable ciblée en même temps qu’une expérience agréable. En même temps ou l’une juste après l’autre. Ce principe était déjà utilisé en Programmation Neuro-Linguistique avec la technique de désactivation d’ancre. Il y a naturellement plusieurs façons de mettre ce principe en application. L’effet que cela produit est un état de neutralité, c’est-à-dire un état dénué de ressenti et de pensée polarisé.

Ce principe est analogue à celui que l’on retrouve en physique ;- lorsque des ondes de phases opposées et de même intensité se rencontrent, leurs effets s’annulent. En psychologie Joseph Wolpe, psychiatre américain, a baptisé ce principe "Principe d’inhibition réciproque" et l’a définit comme l’arrêt des effets d’un stimulus face à un stimulus ayant des effets contraires. (cf wikipedia). A ce jour ce principe est ce qui expliquerait le fonctionnement global de l’EFT et du tapping lui-même. L’effet de relaxation produit par le tapping serait l’expérience agréable juxtaposée à l’expérience désagréable à laquelle nous pensons en même temps. Et cette confrontation expliquerait l’état de neutralité en résultant. La technique Faster-EFT a surexploité ce principe en ajoutant en plus du tapping d’autres façons de produire un état agréable simultanément à l’expérience désagréable : - une image et mot positif (peace), faire de l’humour, suggestion verbale (je lâche et laisse partir), conscience du présent. Dans cette variante, le tapping aurait exactement le même rôle que ces autres techniques.

Toutefois la question se pose de savoir s’il suffit d’opposer n’importe quelle expérience agréable à une expérience désagréable pour obtenir un véritable effet de neutralisation. Dans la « Thérapie de cohérence » du Bruce Ecker, qui ne repose nullement sur le tapping, il est question d’opposer ce qu’il appelle une expérience de dé-confirmation. Il s’agit de chercher et de confronter une expérience où nous avons appris émotionnellement le contraire de l’expérience cible mais au sujet de la même chose. Ici cette exigence sera respectée en même temps que le tapping sera appliqué.

Qu’est-ce que cette technique de la neutralisation a de particulier me direz-vous ?

Hormis le fait qu’elle utilise une expérience agréable dès la deuxième rondes au lieu de la fin de séance. Cette particularité est que la structure de cette technique repose sur le Tétralemme. « Tétra » signifie quatre et « lemme » signifie « proposition ». A l’origine le tétralemme est un instrument logique Bouddhiste permettant de transcender le mental. Il a été développé et popularisé par Nagarjuna que voici :


Le Tétralèmme

1) Affirmation
2) Négation
3) Affirmation et négation
4) Ni affirmation, ni négation.

Cet outil procède à trois neutralisations successives :

A) Tout d’abord, il affirme quelque chose (1), puis il en fait la négation (2) en affirmant le contraire.
B) Ensuite il affirme en même temps ce qu’il nie (3).
C) Enfin, il nie ce qu’il affirme et nie ce qu’il nie (4).

Pour le fun, reprenons le célèbre exemple du chat de Schrödinger de la physique quantique :

1) Le chat est vivant
2) Le chat est mort
3) Le chat est vivant et mort
4) Le chat est ni vivant, ni mort

Comme l’avez certainement compris cette technique va se dérouler en 4 rondes, chacune correspondant à un lemme (proposition).

Voici un exemple personnel.

Questionnement

Quel thème je souhaite travailler ?
- Le travail
Quel aspect du travail ?
- Mes collègues me font la misère.
Qu’est-ce que cela me fait ressentir ?
- Du ras le bol.
Est-ce que j’ai vécu une expérience contraire ou est-ce que je peux en imaginer une ?
- Mes collègues m’aiment bien.
Qu’est-ce que cela me fait ressentir ?
- Du bien-être.

Protocole en 4 rondes

1) Ronde d’affirmation
« Mes collègues me font la misère.»
2) Ronde de négation
« Mes collègues m’aiment bien ».
3) Ronde d’affirmation et de négation
« Mes collègues me font la misère et mes collègues m’aiment bien. »
4) Ronde ni d’affirmation, ni de négation
« Ni mes collègues me font la misère, ni mes collègues m’aiment bien ».

Nous voyons ici que cette confrontation d’expériences contradictoires porte sur la même chose, a lieu sous le même rapport : « mes collègues de travail». C’est ce dont il est question et ce qui est en question c’est « comment ils sont avec moi ». Même si ce n’était pas les mêmes collègues, cela va modifier la perception de la catégorie « mes collègues » dont l’une des expériences a pu se  généralisé dans ma perception et mon ressenti pour cette catégorie de personne.

Cette formule utilisant le tétralemme permet autant de traiter un aspect simple, en lui opposant un aspect contradictoire sélectionné volontairement qu’un conflit interne qui est déjà une confrontation entre deux aspects contradictoires. Par exemple,

J’ai cette douleur et je veux me débarrasser de cette douleur.
Je veux arrêter de fumer et je ne veux pas arrêter de fumer
J’aime X et je déteste X
Je me sens triste d’avoir quitté X et je me sens soulagé d’avoir quitté X.

Cela fonctionne également avec un conflit relationnel où le lemme 1) et est un aspect de notre point de vue et où le lemme 2) est un aspect du point de vue de l'autre. Ensuite les deux en même temps, puis aucun des deux. Il vous sera possible d'argumenter différemment pour chaque proposition. Un exemple d'actualité :

1) Je suis pro-vaccin
2) Je suis anti-vaccin
3) Je suis pro et anti-vaccin
4) Je suis ni pro-vaccin, ni anti-vaccin.

On peut également confronter l’expérience d’une difficulté dans une situation donnée avec l’expérience d’une ressource que nous aurions besoin dans la même situation.

J’ai peur de faire X et j’ai le courage de faire X
J’hésite quand je dois choisir et je sais ce que je veux quand je dois choisir.

Les ressources à intégrer peuvent être plus subtiles, pas nécessairement l’exacte opposé, et se présenter sous forme de simple recadrage, pouvant même être cumulés en rapport à l'aspect de départ. 

J’ai peur de faire X et j’ai l’intelligence de faire X
J’ai peur de faire X et je sais que je peux me faire confiance.
J’ai peur de faire X et je sais ce sera sans grave conséquence

L’utilisation du tétralemme intègre de fait le principe de juxtaposition qui expliquerait comment et pourquoi l’EFT fonctionne. Pour la même raison il permet de se dispenser de la technique du conflit, de la technique d’intégration de ressources, du tapping sur le positif. De même le recadrage devient une option à l’intérieur du tétralemme. Mais le véritable tremplin qui catapulte la conscience au-delà de la dualité ( peur et confiance, amour et haine, joie et tristesse, etc) c’est lorsque notre conscience aura traversé les quatre lemmes tout en tapotant. Pendant que le tapping agira sur l’énergie, le passage par les 4 perspectives possibles agira sur la perception.

La mise en place est toute simple, c'est une recette de base enrichie.

1.Identifier et verbaliser un aspect et son contraire.
2.Evaluer l’aspect ciblé de 1 à 10
3.Une ronde sur l’aspect
4.Une ronde sur l’aspect contraire
5.Une ronde sur l’aspect et l’aspect contraire
6.Une ronde sur ni l’aspect, ni l’aspect contraire
7.Réévaluer. Selon le score répéter étape 3 à7 jusqu’à zéro.

(Aspect = image et pensée, ressenti émotionnel et physique. Ils n'ont pas forcément besoin d'être verbalisé. Il suffit qu'ils soit associés à la phrase-clé de rappel)

En-tant-que façon de résoudre les conflits mentaux basé sur la pensée dualiste, le tétralemme s’applique très bien à ce qui relève de l’émotion puisque toute émotion désagréable résulte d’un conflit entre le désir et la réalité. Il nous apprend à entrer dans un point de vue avec notre conscience, puis à quitter ce point de vue pour entrer dans le point de vue contraire. Ensuite il nous apprend à unifier les deux points de vue dans notre conscience et enfin à sortir notre conscience de tout point de vue.

Bonne expérimentation


Youri Badel, 2021




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