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EFT & Protocoles

Dans la communauté de l’EFT règne essentiellement deux types de protocoles distincts.

Le protocole de marche à suivre et le protocole prêt-à-tapoter.

Le premier décrit les étapes à suivre pour traiter un problème avec l’EFT indépendamment de la nature du problème qui sera traité. Il s’agit de questionner la nature du problème et d’utiliser les réponses avec la « recette de base », ainsi que d'autres protocoles, qui  font tous parties de ce type de protocole.

Le second suggère une série de phrases à tapoter autour d’une problématique spécifique, ou plus largement autour d’une thématique. Il suit généralement une trame partant de l’expression du problème et aboutissant à l’expression de la résolution souhaitée.



Histoire

Les protocoles prêt-à-tapoter sont nés du besoin de faire une démonstration concrète de l’EFT lors de présentation de la méthode sur internet par le biais de vidéos ou de webinaires.

Lors de ces démonstrations beaucoup de praticiens ont donnés des exemples du genre de phrases énoncées lors d'une ronde de tapping pour un problème donné. Pour bien faire comprendre l'usage des phrases, ils ont naturellement donnés plusieurs exemples avec différents types de problèmes . Bien que cela partait d’une bonne intention, ceci a finit par induire une mauvaise représentation de la pratique originelle, en même temps que de susciter une demande, à laquelle beaucoup de praticiens ont répondus en concevant des protocoles prêt-à-tapoter autour de différents types de problématiques.

Au fil du temps cette façon de pratiquer est devenu une référence plus populaire que la façon de faire originelle, à tel point que la plupart des nouveaux venus dans le monde de l’EFT demandent s’il existe un protocole pour tel ou tel problème. Hors l’EFT ne fonctionnent pas exactement comme ça !

Différence

Il faut revenir à l’essence de l’EFT pour comprendre en quoi l’usage d’un protocole de marche à suivre fait une différence avec un protocole de prêt-à-tapoter. Considérons trois usages tapping :

1) Tapoter sans phrase (ce qui vient)
2) Tapoter avec phrase préconçue (prêt-à-tapoter).
3) Tapoter avec phrase adaptée (recette de base)

Ces trois façons produiront un effet désirable, mais plus ou au moins ciblé et durable. Or, la règle d’or pour que le résultat de l’EFT soit durable est que la stimulation des points s’adresse à une cible précise, c’est-à-dire à notre propre manière de vivre un problème, quelque soit sa nature. De fait la façon no 1 & 2 n’atteignent pas cet objectif de manière optimale et nous allons voir pourquoi en détail.

Concernant l’usage 1) rappelons que le rôle de la phrase en EFT est de nous aider à ramener à l’esprit un aspect précis du problème que nous désirons traiter. Elle nous permet essentiellement d’éviter que notre esprit vagabonde d’aspect en aspect, souvent sans rapport les uns avec les autres. Tapoter sans papoter est possible, à condition d'avoir l’aptitude à rester focaliser sur notre cible. Sans quoi nous partirons dans tous les sens, bénéficierons d’un état de relaxation temporaire, mais au final nous aurons peu de chances de pouvoir résoudre un problème précis durablement de cette manière. C’est la manière la moins exigeante mais dont l’efficacité est la plus aléatoire qui soit.

Concernant l’usage 2) et 3), il faut rappeler que la phrase doit décrire le problème tel que nous le vivons dans notre corps et notre esprit. Autrement dit, l’EFT fait principalement un usage descriptif du langage : - les mots décrivent les maux. C’est la raison pour laquelle l’usage 3), qui est le fondement de la recette de base, nécessite de connaître le problème, de le questionner, car on ne peut rien décrire de façon adaptée si nous ignorons de quoi est fait notre problème. Toute cette phase d’investigation et d’introspection est indispensable pour accéder à l’usage 3) beaucoup plus exigent et dont l’usage 2) tend à nous dispenser, de façon illusoire.

Le prêt-à-tapoter

Dans le protocole prêt-à-tapoter, on trouve très majoritairement des phrases décrivant les aspects symptomatiques d’un type de problème. Parfois on y trouve des phrases prescrivant des actions en rapport au problème, mais nous en parlerons un peu plus loin. Par contre, on y trouvera jamais de phrases décrivant les causes singulières de notre problématique.

Pourquoi ?

Tout problème a un fond et une surface, des tenants et des aboutissants. Les protocoles prêt-à-tapoter décrivent un problème au niveau de ses aboutissants, de sa surface, de son expression symptomatique. Vous ne trouverez jamais les tenants d'un problème dans ce type de protocole puisque ceux-ci relèvent exclusivement de notre histoire personnelle, de notre manière singulière de lui donner sens et de la gérer - qu’il va alors falloir redécouvrir.

Bien qu'il arrive que certaines phrases puissent favoriser l'évocation de nos propres expériences, de manière générale ce type de protocole ne décrivent jamais leurs contextes. Et c’est dans le contexte de celles-ci que nos problèmes naissent et se résolvent grâce à l'EFT.

Alors d’où proviennent-ils ces protocoles ?

Tous les protocoles prêt-à-tapoter ne sont pas équivalents et n’ont pas la même origine. Il peut s’agir d’une simple liste assez chaotique de multiples aspects, issu d’une espèce brainstorming autour d’une problématique ou thématique, tout droit sortie de la tête de son auteur. Ou, au contraire, une série d’aspects mûrement sélectionnés et organisés, issu de la connaissance de la structure d’un type de problème et/ou de l’expérience d’aspects récurrents d’une personne à l’autre. Par exemple, les addictions ont une structure commune et des aspects récurrents, quelque soit la nature de l’addiction : - bouffe, alcool, sexe, travail, etc. Par contre, à son origine on trouvera des expériences et interprétations personnelles très différentes d'une personne à l'autre pour la même addiction. Le prêt-à-tapoter aide en travaillant sur la surface du problème mais ne touche que très rarement le fond. Travailler la surface permet parfois d’accéder au fond mais de façon hasardeuse. Pour y parvenir avec maîtrise il faut avoir une connaissance de la structure du problème. Et ça il est difficile de le préconcevoir en la généralisant. C'est pourquoi on le trouve rarement ça dans ce type de protocole. C'est à évaluer au cas par cas. Beaucoup ne suivent d'ailleurs strictement aucune structure dans la progression du traitement. Une certaine logique du changement, oui.

Les phrases prescriptives

Comme je l’ai mentionné plus haut, on trouve dans ces protocoles prêt-à-tapoter des phrases descriptives des aspects symptomatiques du problème mais aussi des phrases prescriptives d’actions ou de tâches en rapport au problème. Par exemple,

- Je relâche et laisse partir.
- Je me libère de l’attachement à ..
- Je restaure mon énergie.
- Je m’ouvre à la possibilité de…
- etc

Le fait de suggérer ou prescrire des actions en rapport au problème est une « émergence », c’est-à-dire quelque chose de nouveau, c’est-à-dire en plus du protocole de base, qui lui se contente de décrire ce qui est là. Cela a été utilisé depuis longtemps temps déjà en combinaison avec le tapping mais ce n’est que récemment que cette option a prit une certaine indépendance avec le Tapping d’intention de Steve Wells. Je dis « indépendance » car cette modalité privilégie la prescription au point de négliger un peu la description. Il existe aujourd’hui des protocoles prêt-à-tapoter conçut entièrement avec cette façon de faire et c'est assez différent car il s’agit de geste mentaux, de quelque chose que l’on accomplit mentalement en même temps qu’on le dit. C’est axé sur le traitement de l’information plus que sur la nature de l’information elle-même, c’est-à-dire sur ce que je désir faire du problème plus que sur ce qui fait le problème lui-même. En cela, ça ne pose pas l'exigence d’avoir une description qui corresponde et s’adresse au problème tel que nous le vivons. Le problème est à l’esprit de lui-même et nous lui prescrivons des actions avec l’intention. Ceci dit, comme dans le prêt-à-tapoter purement descriptif il est nécessaire que les prescriptions soient en accord avec ce que nous souhaitons.

Et donc, en matière de prêt-à-tapoter, la manière descriptive ne donne pas le même résultat que la manière prescriptive. La première repose entièrement sur le fait que la phrase qui nous sert d’exemple corresponde bien à notre expérience pour que celle-ci soit ciblée. Il faut que ce qu’elle décrit soit présent dans notre expérience. Et inversement nous pouvoir avoir des aspects dans notre expérience que ne nous retrouverons pas dans le protocole. Dans le second, le problème peut-être évoqué naturellement à l’aide d’un seul mot ou un symbole de rappel, voir un geste que nous lui associons, et c’est suffisant pour qu’il soit traités avec et selon la prescription que nous lui adressons.

Conclusion

Il y a dans cette émergence une possibilité, à vérifier en pratique, qui rend le prêt-à-tapoter beaucoup plus intéressant que sa version descriptive. Cette dernière n’a en réalité que valeur d’exemple mais pas de modèle. Un modèle est quelque chose qui permet reproduire un résultat. Un modèle est une marche à suivre, quelque chose que l'on fait étape après étape pour aboutir de façon maîtrisée à un résultat. Le prêt-à-tapoter descriptif ne permet pas de faire cela pour deux raisons : - approximation des aspects de surface et absence des aspects de fond du problème. Du coup il est largement préférable d’avoir recours à la recette de base avec une bonne investigation préalable. Cela sera plus efficace, bien que cette recette devrait être complétée de modèle d’investigation des problèmes un peu plus structuré. Naturellement, la recette de base peut-être complétée par des phrases prescriptives à l’endroit des phrases descriptives adpatées. Les phrases prescriptives semblent également avoir plus d’impacts lorsqu’elles s’adressent à un objet définit, qu’il s’agisse de souvenir, de pensée, d’émotion ou de comportement.


Youri Badel, 2021
Tous droits réservés.

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